Keyline Design ou Méthode d’aménagement des espaces agricoles (et urbains)
Régénération des sols, gestion des eaux de ruissellement, séquestration de carbone 

Nous sommes de plus en plus souvent touchés par des phénomènes climatiques extrêmes. L’Australie connait de tels évènements depuis longtemps avec par exemple un régime des pluies aléatoire allant de 200 à 1200 mm/an. De telles conditions ont poussé Perceval Alfred YEOMANS (1904-1984) à reconsidérer les pratiques agricoles de son époque et revoir l’aménagement de sa ferme afin d’en augmenter la résilience. De cette expérience est née le Keyline design.

Il était évident pour Yeomans que l’érosion, les feux sauvages, l’assèchement des terres ne sont que le résultat d’une mauvaise planification agricole et d’une incompréhension de la topographie.

Chaque «paysage » présente des particularités climatique et topographique. Le keyline design est à appliquer à chaque ferme ou terrain de façon personnalisée.

En prenant en compte l’ensemble des éléments d’un paysage, cette approche participe à la reconstruction et la consolidation des écosystèmes. En cela, son application ne se limite pas aux zones arides et aux vastes étendues. On peut donc s’en inspirer quelle que soit la zone climatique où l’on se situe et quelle que soit la taille du terrain considéré.

Le keyline design est apparu au moment de l’avènement de l’agriculture chimique et fut boudé. Dans la période actuelle de transition agricole, la permaculture, le keyline design, l’holistic management, la biodynamie, l’agroécologie … sont autant d’outils disponible pour nous aider à exprimer au mieux le potentiel de chaque terrain, de chaque terroir.

Alors avant de :

      • Travailler un autre champ

      • Poser une autre clôture

      • Planter un autre arbre

      • Construire une autre route

      • Créer un autre barrage

    • Et particulièrement avant l’acquisition d’un autre terrain…

Exemple de Keyline Design

Rancho San Ricardo
Mexico

Les principes de l’aménagement keyline

L’objectif est le développement d’un sol vivant, profond et présentant une grande fertilité biologique. Il est moins coûteux d’atteindre ce but dans un paysage qui a été organisé à cette fin.

Yeomans a le mérite d’avoir replacé l’espace agricole dans sa globalité, que nous appelons ici « le paysage », et d’avoir développé une méthodologie d’organisation de ce paysage. La permaculture a vulgarisé ce processus sous le nom de design.

La conceptualisation de sa méthodologie se présente sous la forme de l’échelle keyline de la permanence (relative). Yeomans nous a donné un guide pour prioriser l’organisation des éléments constituant le paysage. La gestion de la ressource en eau du paysage est à designer après avoir considéré le climat et le relief (les formes du terrain). Puis nous pouvons nous intéresser dans l’ordre : aux routes ou accès, aux arbres et boisement, aux bâtiments et enfin aux clôtures ou séparations.

Yeomans a apporté une importance particulière à la lecture du paysage. Il a nommé point clé (key point en anglais) cet endroit particulier du creux d’une vallée ou la pente s’adoucit, passe d’érosive à dépositaire. C’est le point de référence du design des ouvrages hydrauliques. La courbe de niveau passant par le point clé est appelée ligne clé (key line en anglais). D’où le terme keyline que l’on retrouve dans la terminologie de Yeomans.

Pour une présentation détaillée du Keyline design voir le document (de Darren bientôt en français)

Aération et infiltration

L’aménagement keyline prépare le terrain à absorber rapidement des quantités croissantes de pluie. Dans les régions où ça se justifie, l’eau de ruissellement est stockée dans des retenues collinaires et utilisée pour de l’irrigation qui peut être gravitaire.

Le keyline fait appel au travail du sol, à l’irrigation et aux techniques de pâturage tournant intensif (holistique management) selon les besoins pour grandement accélérer le processus naturel de régénération du sol. Ces pratiques visent à fournir des conditions optimums aux organismes du sol acteurs de la conversion de la terre en terre végétale. C’est-à-dire : de la chaleur, de l’espace (porosité) pour l’air, de l’humidité et de la nourriture riche en énergie et en protéine.

Le manque de porosité est le premier facteur limitant du processus d’amélioration. Le décompactage du sol s’avère souvent nécessaire. Yeomans a développé une sous soleuse qui travaille le sol sans en bouleverser les horizons.

Contrôler l’eau de surface

Le décompactage laisse comme un motif gravé sur le sol qui influence les mouvements de l’eau en surface. C’est plus d’une centaine de petits sillons par hectare qui piègent l’eau, lui permettant de s’infiltrer. Quand le sol est imbibé, l’eau suit ces sillons qui sont autant de petits canaux. En organisant la disposition de ces canaux, on peut agir sur la répartition de l’eau sur le terrain et conduire l’eau des creux (appelé vallées en langage keyline) où elle a tendance à s'accumuler vers les bosses (appelé crêtes) qui s’assèchent. Yeomans nous a transmis un savoir-faire sur la façon de passer la sous soleuse pour obtenir cet effet, basé sur la détermination des points clé et des lignes clé. On appelle ces sillons des keylines et on parle de travailler le sol en keyline. Ces keylines servent également à l’irrigation gravitaire.

 

Stage de Keyline Design

A gauche :
Andy Darlington
A droite :
Darren Doherty

Le Keyline design en France

Andy Darlington est le premier agriculteur français à s’être équipé d’une sous soleuse Yeomans.
Depuis plusieurs années, il conduit des essais sur sa ferme dans l’Aude.